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Le témoignage d’Adeline : 3 inséminations, 1 FIV et un petit garçon

Notre histoire commence bien loin de l’univers de la PMA, en 2012 quand je rencontre mon mari. Je sors d’une relation compliquée et je sens tout de suite qu’avec lui un avenir est possible. Un avenir sans nuages, où je serais en couple mais libre.

Il adore les enfants. Il dit qu’il est prêt à être papa depuis qu’il a 18 ans. S’il savait … S’il savait à ce moment précis qu’il lui faudra attendre l’âge de 36 ans pour devenir enfin papa !

Attente et prise de décision

Nous nous marions en Juin 2014. J’arrête la pilule. Je ne suis pas sûre d’être tout à fait prête. Mais je me dis que pour l’aventure de la parentalité, on n’est jamais vraiment prêt ! Les mois commencent à défiler. Les gens qui nous entourent s’attendent à une annonce de notre part, puisque le bébé est « la suite logique après un mariage ». Entre temps je commence la cigarette électronique pour arrêter progressivement le tabac, car je suis en grosse fumeuse.

On est en 2016 et toujours rien. Je commence à en parler à ma gynécologue, mais les premiers examens (pas très poussés) ne détectent rien. Dans mon entourage, on commence à me jeter au visage des phrases bateau mais douloureuses : « Tu y penses trop », « Tu n’es pas prête », « La nature est bien faite, si t’y arrives pas c’est que ce n’est pas le moment », « Si ça se trouve, tu fais un blocage »… Chacun s’improvise psychologue et y va de son petit commentaire. Je ne dis rien mais je sens bien que quelque chose ne va pas et doucement je me rends compte que non seulement je suis prête, mais qu’en plus ce désir d’enfant est en train de devenir une quête. Ma quête.

En attendant autour de moi, tout le monde tombe enceinte ! Je commence à ne plus pouvoir me réjouir pour les autres. Et les gens commencent à le sentir, tant et si bien que certains attendent aussi longtemps qu’ils peuvent avant de nous l’annoncer. Je déteste tout ça. Ça me renvoie une mauvaise image de moi. L’image d’une femme qui ne parvient pas à enfanter, mais aussi qui met les gens mal à l’aise. Une femme avec qui on ne peut plus parler de tout … Ni rire de tout.

Nous avons économisé pour partir en voyage de noces à Cuba (nous dansons la salsa depuis plusieurs années). Nous partons en Janvier 2017. Mais quand nous rentrerons c’est décidé : on prend rdv en PMA. C’est beaucoup trop long. Ça n’est pas normal. On a besoin de réponses …

Entrée en PMA et début de réponses

On a rdv en avril 2017. C’est mon mari qui m’a mis la pression pour prendre le rdv. Pétrifiée par la peur, j’aurais pu attendre encore 1 an avant de franchir les portes d’un centre de PMA. Peur d’avoir quelque chose de grave. L’endométriose par exemple à l’époque me terrifie … Surtout que les cycles douloureux : je ne connais que ça depuis que j’ai 14 ans ! En fait j’ai peur que tout soit de ma faute. J’en viens à penser que si j’avais voulu en enfant plus tôt, que si je le voulais vraiment j’y serais arrivée. Finalement toutes ces phrases entendues pendant des années ont fait leur chemin dans mon cerveau. J’en viens à penser que tout ça est une punition. De Dieu, de la Nature … Peu importe. Mais une punition quand même …

Après plusieurs mois d’examens, fin Juin 2017 le verdict tombe : infertilité inexpliquée ! La bonne blague ! En fait, elle n’est si inexpliquée que cela. C’est juste un ensemble de facteurs pas terribles qui, réunis ensembles font que nous n’y arrivons pas. Mes cycles sont irréguliers, mon ovaire gauche est fainéant et mon endomètre est sous-activé. Du côté de mon mari, les spermogrammes ne sont pas terribles. Pas catastrophiques, mais pas terribles. Comme on est jeunes et que j’ai par contre une très bonne réserve ovarienne, on tente les inséminations.

3 inséminations, l’échec

S’en suivent 3 inséminations qui se suivent et se ressemblent … Juste quelques cachets et une injection pour déclencher seulement, car il ne faut pas risquer l’hyperstimulation. Inévitable dans mon cas si on dose trop fort les traitements. Les 3 prises de sang sont négatives.

On est en Décembre 2017. Je dépérie à vue d’œil. Mon couple bat de l’aile, bien que nous discutions beaucoup et que nous essayons de rester debout et unis. J’ai de plus en plus de mal à relativiser. Au vu des résultats, l’équipe de PMA nous dit qu’on va passer en FIV. En FIV ICSI pour être précise.

Mon mari travaille à Nouvel An. Je pars quelques jours chez mes parents fêter la nouvelle année en famille. Je suis au plus mal. Je ne dors plus. J’ai beaucoup de mal à manger. Même mon job que j’adore ne m’inspire plus. Mon employeur, au courant de la situation, est pourtant super avec moi. Les retards, les absences … Ils sont compréhensifs et bienveillants à mon égard. J’ai conscience quelque part d’avoir de la chance à ce niveau-là. Je m’inscris que le forum de FIV.FR. Une révélation !!! Que ça fait du bien de parler avec des gens qui comprennent et vivent ce que je vis. Qui connaissent le jargon médical, à quoi correspondent les résultats d’un taux hormonal … Le forum me fait beaucoup de bien.

Nouvelle année, nouveaux protocoles

La PMA choisit de me laisser encore un mois au repos. Plus pour le psychologique que pour le physique. Avec le recul ils ont eu raison.

En février 2018 on commence les piqûres. Protocole court. Les aiguilles ne sont pas un problème et j’ai l’impression que c’est plus concret que les inséminations. Je ne sais pas pourquoi. Je sens qu’on va vraiment m’aider cette fois. Qu’on va sauter l’étape qui nous fait défaut : la fécondation. J’arrête la cigarette électronique. Ça y est : je suis une ancienne fumeuse ! J’enchaîne les piqûres. Comme un robot. J’ai décidé de ne plus souffrir. De ne plus me punir aussi. Je fonce tête baissée. Arrive les derniers jours de stimulation et l’heure de la ponction. Mais le traitement n’a pas eu l’effet escompté. Mes derniers examens révèlent que ce serait une ponction blanche. A trop vouloir minimiser le traitement, il n’a pas fonctionné tout court. Tout est stoppé, retour à la case départ !

La FIV gagnante

Je ne suis pas vraiment triste de l’échec du premier protocole. Je flotte un peu au-dessus de tout ça. J’ai pris mes distances car les échecs et la douleur sont trop durs à encaisser. On me dit qu’on va essayer un autre traitement. Je commence les piqûres. Cette fois, mon corps fait ce qu’il faut.

Le 21 mars 2018 on me ponctionne. 8 ovocytes mais seulement 7 de matures. On me dit que le laboratoire me tiendra au courant. A J3, ils sont toujours 7 mais on m’explique que ce serait mieux de pousser à J5 mais qu’il y aura forcément de la casse. On se dit mieux vaut 1 parfait, que 7 moins bons. Donc on y va pour 2 jours supplémentaires. Effectivement sur les 7 il n’en reste plus que 3. Le 26 mars 2018 on me transfère un embryon J5. Un seul car les médecins pensent qu’il va s’accrocher et qu’il vaut mieux éviter une grossesse gémellaire.

Je le vois clignoter à l’écran. Ce petit bout de nous, cet infini petit espoir. Le personnel sort, le temps que je reste allongée et que je me rhabille. A ce moment-là, je fais quelque chose qui ne me ressemble pas du tout : je lui parle. Je fais tomber ces barrières que j’ai mises entre moi et la PMA, et je lui parle. Je lui souhaite la bienvenue dans mon corps, je lui dis que je l’ai attendu très longtemps et qu’il faut qu’il s’accroche. Que nous avons besoin de lui.

La victoire après 4 ans d’attente

Le 4 avril 2018, je déjeune au restaurant avec 3 collègues dont je suis très proche. Ils savent que j’attends un mail du laboratoire. On parle à peine durant le déjeuner. On attend fébrilement. Je leur suis reconnaissante de ne pas me laisser seule à ce moment-là.

Le mail tombe : taux à 155 Ui. Je suis enceinte. Je suis réellement et inconditionnellement enceinte. Je réalise. J’appelle mon mari et ma maman dans la foulée. Ils sont très heureux. Mon mari est cependant prudent. Une grossesse c’est fragile les premiers mois …

S’en suivent 9 mois de stress ! Je n’ai quasi aucun symptôme (ni nausées, ni mal de dos, ni rétention d’eau, ni diabète ou autre). Pourtant j’ai peur. J’ai peur de perdre ce ptit bout, ce miracle. Et puis les mois passent. C’est un garçon. La dernière écho. Les cours de préparation à l’accouchement. Et puis à 5 jours du terme, les contractions commencent.

Gabriel est arrivé le 17/12/2018 à presque 14h00. Blotti contre moi, nous avons savouré ces premières heures ensembles. Il a à peine pleuré en sortant. Une fois contre ma peau, il s’est vite apaisé.

Aujourd’hui il a 6 mois, 2 dents et c’est un amour. La plus belle chose que je n’ai jamais faite. La plus belle des victoires, au terme du plus dur des combats.

A toutes celles qui attendent encore leur miracle dans une salle d’attente de PMA : vous n’êtes pas seules. Vous devez vous battre. Vous devez y croire. Et le jour où vous tiendrez votre/vos bébé(s) dans vos bras, vous saurez. Vous saurez pourquoi vous vous êtes autant battues.

2 commentaires

  1. Marianne

    Idem, je suis en larme !
    Mais que ça fait du bien de se sentir moins seule en lisant ton témoignage…
    moi aussi, passionnée par la salsa. Mon 1er couple n’a pas résisté au parcours PMA de 2011 à 2014 (stimulations, inséminations et FIV). Là, avec mon nouveau compagnon, de nouveau, parcours PMA…nous faisons notre 1ere FIV le mois prochain…..
    Merci pour ton témoignage, ca rebooste !!!!

    Réponse
  2. Ch

    Ton témoignage m’a mis les larmes au yeux…
    Merci de l’avoir fait et bravo à vous de n’avoir rien lâché, félicitation pour ce petit bout à croquer !

    Réponse

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