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Le témoignage de Valentine : un bébé à la 1ère FIV en Suisse et une surprise

Chères Fivettes,

Après 2 années d’essai bébé infructueuses, nous décidons, avec mon compagnon, de consulter. Tout d’abord, sans grande inquiétude. Juste pour voir ce qui se passe. On fait des tests, on se raconte (depuis combien de temps on essaie, depuis combien de temps on est ensemble, est-ce que notre couple va bien etc.)

Je vais chez le gynécologue à vélo pour aller chercher mes résultats. Je pense à plein de choses, je rêvasse, comme à l’accoutumé quand je pédale.

Arrivée dans le cabinet, le médecin m’annonce : vous avez le syndrome des ovaires polykystiques. Une annonce un peu abrupte avec du recul. Pour avoir fait quelques recherches préalables sur l’infertilité, je comprends immédiatement que ce bébé tant désiré se fera attendre.

Après l’annonce, le choc. Je n’ai pas pu remonter sur mon vélo. Les larmes ont coulé toutes seules le long de mes joues. Dire que j’ai directement réussi à commencer le combat serait mentir. Il m’a fallu un petit temps pour rebondir. J’ai rapidement commencé les investigations auprès d’un spécialiste de la fertilité. Mais émotionnellement, j’ai mis du temps à y voir clair. J’avais peur. J’avais mal bien sûr. Mais j’avais surtout peur. Peur de ne jamais être maman. Je n’ai pas toujours fait preuve du courage auquel on s’attend dans un parcours FIV. Je lisais des témoignages de femme courage qui, selon mon regard, arrivaient à faire de ce combat une force. Pour moi, les choses ont été un peu différentes. J’ai mouillé beaucoup de t-shirt de mon homme avec mes larmes. Larmes, qu’il accueillait, à chaque, fois avec beaucoup d’amour et sans jugement.

J’ai parfois eu le sentiment que je devais être plus forte pour y arriver dans ce combat. Et finalement, moi aussi je suis devenue maman. Moi aussi, j’ai pu, avec cette fragilité que je sentais en moi, mener cette lutte. Parce qu’on peut bien appeler ce qui allait m’arriver une lutte : contre moi même, contre les remarques des autres, ceux qui savent faire et qui se permettent de te le signifier, contre mon corps qui ne pouvait pas faire d’enfant. Contre mais avec lui aussi. Ça, je l’ai compris, mais plus tard. Un combat « avec » et pas « contre ». J’ai fait tout cela à ma façon, avec mes forces et mes faiblesses. J’ai fait ce que j’ai pu.

C’est ce qui ressort de mon histoire. Aurèle n’est pas l’enfant d’une battante. Il est l’enfant de ceux qui y ont cru, qui ont essayé, qui ont recommencé. Et il est l’enfant de celle qui a aussi beaucoup baisser les bras. La seule chose fondatrice qui m’a permis de toujours essayer : je n’avais pas de plan B. Pas de vie B. Je voulais être maman. Et je serai maman. Une lecture qui m’a beaucoup aidée : « l’homme qui plantait des arbres » (Giono,Jean, 1953). Comme ce Monsieur, chaque essai était un arbre qui pouvait grandir ou pas. Comme ce Monsieur, j’ai persévéré. Et c’est peut-être là, la force qui a été la nôtre, celle de toujours essayer.

Du point de vue médical, je dirais que ça a surtout pris du temps. Les analyses d’abord : l’hystéroscopie, l’hystérographie, l’IRM pelvienne, les milliards de prises de sang, les ultrasons…tout ça bien sûr, avec une attente interminable jusqu’aux résultats et surtout aux décisions à prendre sur leur base. Le temps était long car on devait toujours attendre le début des cycles pour commencer les investigations. Et j’avais mes règles en moyenne tous les 3 mois…

Une FIV, c’était risqué. Avec l’atteinte de mes ovaires, je risquais l’hyperstimulation ovarienne. Donc, on a d’abord fait des inséminations artificielles. Vouées à l’échec selon moi, utiles quand même selon le gynécologue. J’ai accepté d’en faire deux.

Puis, j’ai demandé une FIV. En Suisse, elle est payante. 10 000 euros environ. De notre poche uniquement. Je les avais, je commençais à perdre patience, j’ai pris le risque malgré la réticence de mon médecin. J’ai fait les complications qu’on me prédisait. J’ai eu très mal. Mais je n’ai jamais eu peur. Et la première FIV…a fonctionné ! J’étais enceinte ! Les larmes ont coulé, mais des larmes de joie et de soulagement. J’avais enfin une chance d’être maman. On a transféré deux embryons. Aurèle et moi, on s’est accroché l’un à l’autre. Et encore aujourd’hui, quand il se met comme un petit koala autour de moi, je me souviens de cette image que j’ai vue quand j’ai su qu’il était là. Ce petit cordon qui nous a lié est le symbole de cette réussite. Le comble, c’est qu’à sa naissance, j’étais si émue et quelque peu dans un monde parallèle, je n’ai pas vu le papa le couper.

Cette FIV est un double miracle. Déjà parce que petit Aurèle est là mais aussi parce que depuis, j’ai mes règles comme une horloge, tous les mois. Et…exactement deux ans après son frère, Hannah est arrivée. Spontanément.

Hannah, ça veut dire « faveur ». Je crois que la vie m’a fait bien des faveurs. Et je souhaite la même chose à toutes les femmes qui me liront. Toutes celles qui comme moi, doutent, souffrent, pleurent. Toutes celles qui comme moi, savent aussi être fortes. Cette dualité est une alliée dans la maternité et dans le chemin qui nous mènent vers elle. Et ça, sans ce parcours, je ne l’aurais jamais compris. Vous dire que je suis ravie d’avoir dû passer par là, non. C’est des souffrances dont je me serais bien passé. Mais j’ai forcément appris. A être plus douce, plus bienveillante avec moi d’abord et donc bien entendu avec les autres.

Merci de m’avoir lue.

Valentine

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