
L’académie de Médecine favorable à l’autoconservation des ovocytes
En ce Lundi 19 Juin 2017, l’Académie de Médecine , institution composée de médecins, pharmaciens et biologistes vient de donner un avis favorable à l’autoconservation des ovocytes dans un rapport rendu public aujourd’hui.
Cet avis a été validé largement par 54 voix pour, 12 contres et 22 abstentions.
Rappelons aussi que dans quelques jours, le Comité consultatif national d’éthique rendra son avis, lui aussi très attendu.
Plus d’informations sur la conservation des ovocytes pour soi même ( autoconservation sociétale) ici :
Vous pouvez télécharger le rapport complet de l’Académie de Médecine ici :
En voici des extraits :
La situation française
La conservation des ovocytes s’effectue par vitrification, en France depuis 2011, et seules y sont autorisées les conservations destinées à la préservation de la fertilité, donc les indications médicales.
Cette technique s’adresse surtout aux femmes atteintes de pathologies malignes, dont un traitement gnonadotoxique, par chimiothérapie ou radiothérapie risque de dégrader la fonction ovarienne. Elle concerne pareillement les femmes menacées d’insuffisance ovarienne prématurée.À ces indications se sont ajoutées depuis quelques années des demandes dites « non médicales », en fait de palliation de l’infertilité liée à l’avancée en âge. Sans perspective prévisible de grossesse, surtout faute de stabilité de couple, des femmes sensibles à la baisse de la fertilité avec l’âge, souhaitent faire prélever et conserver leurs ovocytes afin d’y avoir éventuellement recours plus tard, par FIV, si elles éprouvaient alors des difficultés à concevoir.
Les chances de grossesse dépendent essentiellement de l’âge auquel les ovocytes ont été recueillis, au mieux avant 35 ans.
Les risques et les avantages possibles de ces démarches, sont discutés. Non autorisées en France elles sont effectuées par les Françaises dans les centres étrangers. Cependant la Loi de Bioéthique du 07 juillet 2011 a étendu aux femmes majeures n’ayant jamais procréé la possibilité de participer au don d’ovocytes.
En contrepartie ces femmes peuvent conserver pour elles-mêmes, si leur nombre le permet, une partie des ovocytes recueillis. Ainsi est ouverte la voie légale de la conservation des ovocytes pour palliation de l’infertilité liée à l’âge.
Ce qu’il faut savoir sur la fertilité et les grossesses
L’évolution de la fertilité naturelle des femmes et de l’âge des grossesses.
La fertilité naturelle des femmes chute progressivement à partir de 35ans, nettement à partir de 40 ans .
Le taux de conception à 12 mois est de 75,4% à 30 ans, de 66% à 35 ans, de 44,3% à 40 ans.
A 40 ans, près de 80% des ovocytes soumis à fécondation sont aneuploïdes, ce qui induit un taux de fausses couches spontanées de 30%.
Les résultats globaux de la vitrification ovocytaire
Les plus fréquentes sont les procédures de vitrification destinées au don. En 2009, en Europe, 21604 femmes ont ainsi bénéficié (Espagne, Belgique, Tchéquie…) d’un don d’ovocytes pour âge avancé (6). Toutes indications confondues (dons, indications médicales et non médicales), ce sont les résultats internationaux après vitrification des ovocytes qui sont les plus explicites.
Ils indiquent que, globalement, lors d’une procédure de vitrification,le nombre d’ovocytes recueillis est de 8-13 par cycle,
le taux de survie des ovocytes après dévitrification autour de 85%, le taux de fécondation par ICSI autour de 70%, le taux global
de grossesses autour de 40%. Le taux de grossesses pour un ovocyte dévitrifié est de 4,5%-
12%. Il faut donc au moins vitrifier 15-20 ovocytes,donc procéder presque toujours à plusieurs cycles de recueil, pour raisonnablement espérer obtenir une naissance. Les succès diminuent nettement avec l’âge, de 25 à 42 ans,auquel sont recueillis puis conservés les ovocytes.
La conclusion
La conservation des ovocytes en prévention de l’infertilité liée à l’avancée en âge est légale en France depuis la Loi de Bioéthique de 2011. Il n’est plus temps de s’y opposer ni d’en critiquer les éventuelles conséquences « sociétales».
Par contre, telle qu’elle a été promulguée puis complétée par décret, cette Loi est inapplicable. Elle oblige, pour accéder à leur droit acquis, des femmes à subir deux ou trois cycles de stimulation/ponction ovarienne là où un seul cycle suffit normalement, le législateur n’en a pas perçu en son temps les effets pervers.
Cette Loi est donc médicalement et éthiquement inacceptable. Il serait non éthique de la conserver en l’état. Il revient à l’ANM de le faire savoir et d’en recommander l’amendement.
Les recommandations
L’autoconservation des ovocytes constitue une procédure médicale de préservation de la fertilité en cas d’insuffisances ovariennes pathologiques, prématurées ou iatrogènes, qui ne peut pas être remise en cause.C’est pourquoi l’Académie nationale de médecine recommande que :
-L’autorisation de conserver des ovocytes soit accordée dans trois circonstances:
- La préservation de la fertilité pour raison médicale.
- Le don d’ovocytes.
- La prévention de l’infertilité liée à l’âge.
-La Loi de Bioéthique du 7 juillet 2011 sur le don d’ovocytes découple le don de la conservation pour soi même, car cette loi impose aux femmes qui souhaitent conserver leurs ovocytes en prévention de l’infertilité liée à l’âge, des conditions pratiquement irréalisables et contraires à la déontologie médicale.
-Cette démarche soit réservée aux femmes majeures, sous réserve d’une information obligatoire et exhaustive sur les méthodes, leur coût, sur l’âge recommandé du recueil, avant 35 ans,et l’âge d’utilisation ultérieure des ovocytes, avant 45 ans, sur les chances de succès, les risques d’échecs ou de complications, les risques des grossesses tardives, liés à la procédure.
-Aux femmes qui sollicitent cette procédure soient prodigués les conseils et accordé le délai de réflexion propres à leur permettre d’approfondir leur décision.
-Les médecins chargés de la procédure puissent s’assurer que la décision des femmes de conserver leurs ovocytes soit exempte de toute pression sociale, professionnelle ou commerciale.
–Il est de plus hautement souhaitable que :
1.Avant 35 ans, les femmes et les hommes soient informés de l’évolution de la fertilité avec l’âge et sur les risques des grossesses tardives, comme l’Assurance Maladie le fait pour les questions de santé publique.
2.Il soit effectué un suivi à long terme des mères et des enfants issus de cette technique